lundi 9 juillet 2007

Par dessus l'epaule du voisin.

Alors voilà que tu te mets à lorgner ailleurs ! Tu pompes avec les yeux les petits mots du voisin. Et puis tu les recopies avec un stylo qui bave sur ton beau papier blanc. Dessus, quand même, quelques gouttes de sueur. Mais pas les bonnes. Celles-ci, c'est parce-que tu as peur de te faire piquer.

Faut pas confondre ! La transpiration sur le papier devrait être le fruit de ton propre travail. Avec le goût de ton propre sel. Un salé liquide comme une mer avec ses marées trop hautes qui débordent de tes remparts à toi... ton front, tes mains, ta peau et tous tes trous. Tous !


Mais non ! Toi tu n'as rien qui coule des yeux et ça te fait même pas chier de prendre sans donner.


Alors (encore alors), arrête. Arrête d'écrire et va te mirer dans la petite glace ronde de ta salle de bain, ou celle, carrée, de ta porte d'entrée, côté sortie. Ou si tu n'as rien pour te voir, sors et fais ça devant la vitrine bien astiquée d'un magasin grand luxe. Le ridicule n'a jamais tué que les niais ! Ouvre les yeux, regarde les s'ouvrir, ouvre la bouche, regarde toi marcher, reculer, avancer... enfin fais plein de choses... En n'oubliant jamais que c'est toujours à l'envers que l'on se voit dans un miroir.


Bon ! C'est pas là que ça se passe pour écrire. Tu as compris (peut-être). C'est à l'intérieur et à l'endroit.


Tu sais, il y a plein de chose dans ton intérieur. Il suffit de trouver la clef perdue de ton tiroir... au passage, profite du temps passé à chercher, c'est une succulente mise en bouche, un moment où s'empilent les promesses de tes futures surprises... et ouvre, entrebâille, regarde, mets ta lumière puis tire jusqu'au béant.


Après, et seulement après, tu prends un nouveau stylo parce que l'autre est sec depuis longtemps, ou un crayon de bois et de plomb avec un couteau bien affûté pour tailler ta mine, ou un clavier si tu veux...


Et écrits tes propres mots.


Et si tu ne peux pas (du verbe pouvoir ou « être capable de... »), contente toi de lire.


Baudelaire, Hugo ou n'importe qui d'autre pourvu que ça te remplisse de plaisir avant la carte postale sous les oliviers.


Mais ne passe pas par l'épaule du voisin s'il ne t'a pas invité.

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