Ce qui est dit n'est ni dit, ni écrit.
Semaine dernière, une amie peintre et poète me répond à ce que je ne dis pas :
« s'ils ne sont pas dits, les mots, en général ça fait des poèmes, des toiles, ou des couloirs à refoulements alors tant que ça circule ça fait bouger l'inconscient comme un glanage, ...non, langage... »
Je ris sur « couloir à refoulements ». L'image m'amuse et je lui fais part de cet amusement.
L'instant suivant j'ouvre les portes du couloir à refoulements et nerveusement j'écris « les mots de tricot ». Moment du passé d'il y a longtemps. Il ne s'agit pas d'une réponse à son propos mais plutôt d'une expiration sans prétention de mon expérience. Expiration par les mots, fil tricoté qui structure le vide. Le tricot n'est-il pas constitué de trous, de transparences quand on tire sur la maille...
Mais revenons aux mots.
Le mot est dit ou écrit (pour ce qui me concerne, le mot est vecteur d'oralité) et suppose pour exister qu'il soit lu ou/et entendu. Sinon, c'est un néant et on retourne dans le couloir à refoulements. A noter que l'écouteur peut être l'écriveur ... c'est par exemple le cas du journal intime bien qu'il soit souvent adressé aux proches (papa, maman ou l'autre) ... on le laisse en évidence...
Et l'écouteur n'entend ni ce qui est écrit, ni ce qui est dit. De mots en mots et selon le sens qu'il met en accord avec ce qu'il entend (ou lit), sens qui découle de sa propre expérience, il voyage dans les hiatus, dans les vides du tricot, dans les transparences, dans ce qui n'est pas écrit.
Pour celui qui écrit, les mots sont des guides incertains qu'il donne, ils mettent en mouvement des histoires qu'il ignore.
Bien sûr, il peut tricoter en mailles serrées, en changeant les couleurs, utiliser l'angora, l'acrylique ou du fil de lama, mais il faut qu'il accepte d'être dépossédé de sa propre histoire.
Amis poètes, je vais aux toilettes...