jeudi 12 juillet 2007

Ecrire sans savoir

J'ai perdu la raison à l'âge de raison.

La raison, cet ensemble de petits cheminements logiques qui fait que ce que l'on dit ou fait a du sens pour le voisin et le voisin du voisin. Ceux qui écoutent, entendent, voient...

J'ai perdu la raison, un jour, comme ça ... sans le savoir.
Un jour où ils ont enterré mes modèles.

Ce jour là, il devait pleuvoir.

Il pleut toujours sous les parapluies noirs.

Alors c'était de la boue.

J'ai perdu la raison le jour où l'on a emboué mes «oui» et mes «non».
Ceux qui tracent les limites, les sentiers, les barrières qu'il ne faut pas enjamber, ceux qui aident dans les choix comme des panneaux fléchés bien scellés.

J'ai perdu la raison quand l'amour, énergie qui m'était promise disparaît.

Disparaître est toujours au présent quand le jour est boueux, noir, incompris.

Disparaître est toujours présent.
Dans une démesure du temps, sans passé... au futur de quêtes des limites perdues.
Celles que je n'ai jamais sues.
Un monde de repères enfouis, de recherches jusqu'aux infinis. Le petit et le grand.
A me briser les os, m'éventrer, m'écoeurer sans jamais trouver.
A chercher vainement la résurrection des étoiles mortes.
Petit magicien qui donne, donne, donne des rires et des sourires, des sueurs à sécher les pleurs ou le contraire... ça dépend des étoiles.
Une quête de recevoir, sans le savoir, sans le vouloir, pour combler les vides, pour savoir ce qu'ils seraient s'ils n'étaient plus vides et savoir ce que je ne saurai jamais.

Je sais.

On me regarde, on me lit, on m'écoute et parfois on brille comme des yeux.

Mais sait-on les voyages quand ils n'ont pas de fin ?

Sait-on l'énergie offerte quand on l'a perdue dans la boue ?

Sait-on les traces qu'il faut inventer quand on n'a pas la carte ?

Sait-on la patience, éprise de sagesse, pour apprendre à dire, juste dire, «bonjour» et «au revoir» aux moments attendus ?

Sait-on l'effort pour rester dans son corps ?
Seule limite tangible dans la douleur d'un fracas.

Sait-on ma frayeur quand mon puits de magma brûle trop vite et trop fort les ailes des aventureux ?

Aventureux.... Aventureux... Ferme ta porte. Tu ne la retrouverais plus.

Reste dans ton jardin et écrits pour tes petites fleurs.

Tes iris du matin.

En alexandrins.

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